воскресенье, 18 декабря 2011 г.

RUSSIE-OTAN : PARTENAIRES STRATEGIQUES ?

La troisième édition du conseil OTAN-Russie a eu lieu à Lisbonne le 20 novembre dernier. Un
sommet qui a été considéré comme une réelle percée dans les relations Russie-OTAN, qui s’étaient
profondément détériorées après le conflit survenu en 2008 avec la Géorgie. Mais aux côtés de ceux
qui ont considéré cet évènement avec enthousiasme se trouvent nombre de sceptiques qui ne
croient que les relations entre Moscou et l’Alliance Atlantique puissent permettre l’établissement
d’un partenariat réel. Cet article est une tentative d’évaluation de ce que la Russie peut attendre du
« reset de Lisbonne ».
Une véritable coopération est traditionnellement possible lorsque les parties sont liées par les
intérêts communs qu’elles poursuivent. Aujourd’hui l’OTAN et la Russie partagent les mêmes
intérêts sur deux points : l’Afghanistan et la défense antimissile. En Afghanistan, sur un théâtre
complexe, Moscou et l’OTAN coopèrent en matière de lutte anti-terroriste et d’actions contre les
narcotrafiquants. L’incapacité de l’OTAN à atteindre les buts qu’elle déclarait s’être fixés en 2001 a
permis la conciliation. C’est là l’exemple le plus frappant des intérêts mutuels de la Russie et de
l’OTAN. La première souffre du trafic de drogue en provenance d’Afghanistan, la seconde comprend
parfaitement que ce flot de stupéfiants peut atteindre et inonder l’Europe (ce qui a déjà commencé).
Même à un bas niveau de relations mutuelles, l’OTAN n’a jamais rompu la coopération et a continué
à faire transiter des matériels non militaires vers l’Afghanistan via le territoire russe. Compte tenu de
la campagne perdante menée dans ce pays par l’OTAN, les commandants de cette alliance ont
exprimé leur intérêt pour une participation russe. Mais ce souhait rencontre-t-il les intérêts de
Moscou ?

Il est évident que plus le Kremlin s’investira dans cette mission-bourbier, plus il lui sera difficile de
dire « non » ensuite. Aujourd’hui nous pouvons constater comment la Russie s’engage
progressivement dans le conflit, depuis les livraisons d’hélicoptères jusqu’aux opérations anti-drogue
conjointes. On peut dire que la Russie et l’OTAN travaillent ensemble pour être débarrassées du
terrorisme et des Taliban en Afghanistan. Mais la véritable question est de savoir combien de temps
le gouvernement afghan sera capable de se maintenir au pouvoir lorsque les forces alliées se
retireront du théâtre. Selon les officiels de l’OTAN, le retrait commencera en 2012. On ne peut pas
exclure qu’après ce départ Moscou doive de nouveau faire face à un retour des Taliban à Kaboul
avec les conséquences que l’on peut imaginer. C’est pourquoi on doit raisonnablement se poser des
questions. Jusqu’où la Russie peut-elle tendre la main à l’OTAN en Afghanistan ? Que devrait faire la
Russie pour éviter les défis susceptibles de surgir après le retrait de l’ISAF ?
Il semble que la livraison d’hélicoptères, l’entraînement des forces de l’ordre, le transit de matériel
non létal via le territoire russe coïncide avec les intérêts de la Russie à court et moyen termes. Mais
les participations aux actions de combat sur le territoire afghan devraient être complètement évitées,
même dans le cadre d’une opération anti-drogue. On ne peut pas marcher deux fois sur le même
râteau même dans le but de construire un partenariat. Cependant il y a d’autres moyens d’assister la
mission de l’OTAN et les Afghans. Ce sont les équipes de reconstruction et les programmes visant à
reconstruire l’économie de l’Afghanistan. De nombreuses infrastructures locales ont été construites
par des spécialistes soviétiques dans les années 70 et 80 (même aujourd’hui de nombreux Afghans le
reconnaissent et en sont reconnaissants à l’Union Soviétique). Dans de tels projets l’expérience des
ingénieurs et ouvriers russes peut être d’un grand secours.
Cela peut sembler amusant mais l’intention de lancer une coopération en matière de défense
antimissile –sa seule motivation– est une conséquence de l’échec de l’OTAN en Afghanistan et son
besoin d’une participation plus poussée de la Russie. On ne peut nier que la déclaration du Secrétaire
Général de l’OTAN, Fogh Rasmussen, « pour la première fois dans l’histoire l’OTAN et la Russie vont
coopérer pour se défendre l’une l’autre » relève du trompe-l’oeil. Car dans les faits la coopération en la
matière est à sens unique.
L’OTAN n’a rien à offrir en matière de défense antimissile. Aucun des Etats de l’OTAN ne dispose
(hormis les Etats-Unis) d’une défense antimissile de théâtre ou stratégique. De surcroît ils n’ont pas
même encore initié le développement et à la production de systèmes capables de rivaliser avec le
missile russe S-400 « Triomphe » (en matière de défense antimissile de théâtre) ou avec le système A-135 qui défend Moscou. Par ailleurs les experts russes sont engagés dans la mise au point d’un
système absolument nouveau, unique, le S-500, qui répond aux nécessités d’un dispositif de défense
antimissiles stratégique. Dans ce cadre il convient de rappeler la déclaration du Président Medvedev à
Lisbonne, soulignant « que la Russie est prête en théorie à prendre part à un système de défense
antimissile européen, mais seulement en tant que partenaire égal. » Personne ne peut ignorer les armes
nucléaires russes. Il faut comprendre que tandis que nous réfléchissons sur les défenses antimissiles,
nous devons aussi estimer les possibles effets qu’un système de défense antimissile européen aurait
vis-à-vis des forces nucléaires russes. Une réelle coopération implique la mise sur pied d’un dispositif
qui ne remette pas en question l’équilibre existant. Dans cette optique Dimitri Medvedev a proposé
un système de défense antimissile sectoriel. Malheureusement les membres de l’OTAN n’ont pas
adhéré au projet.
Aujourd’hui la balle est dans le camp de l’OTAN. La Russie a déjà fait beaucoup pour montrer sa
volonté d’éviter les confrontations et d’aller plus loin vers une vraie coopération. A présent Moscou
se trouve sur le point d’agir seule. Laissons le temps juger.



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